Pierre Pradervand - Cercles de bienveillance et de gratitude
Les cercles de bienveillance et de gratitude, une nouvelle pratique spirituelle
(Reproduit de la revue romande CEDRES)
Tous ceux qui se tiennent au courant de l’évolution des pratiques spirituelles sont conscients que de plus en plus de personnes créent, se cherchent, pratiquent de nouvelles formes de spiritualité répondant plus aux besoins et tendances de la société contemporaine.
Il est relativement facile pour une personne bien installée dans ses certitudes d’ironiser sur les innombrables manifestations, certaines fort étonnantes, de la spiritualité contemporaine. Il est plus constructif de tâcher de comprendre les motivations derrière ces tendances et ce qu’elles apportent à leurs adhérents. Mais pour cela, il faut d’abord les connaître.
Dans cet article, je présente une de ces nouvelles formes, les cercles de bienveillance et de gratitude.
Q : En quoi consistent ces cercles ?
R : Ce sont des cercles composés d’un petit nombre de personnes qui se rencontrent régulièrement pour utiliser la bénédiction comme outil de guérison pour le monde.
Q : La plupart des gens ont une image figée de la bénédiction comme un acte liturgique que fait le prêtre ou le pasteur à la fin d’un service.
R : Ma vision est complètement différente. Dans mon livre sur la spiritualité mentionné ci-dessus, je présente l’expérience qui m’a permis de découvrir la force de ce que fut peut-être la bénédiction à ses origines, un profond désir venant du cœur pour le vrai bien de l’autre. Comment pratiquer cette forme de bénédiction est décrit dans le texte ci-joint qui circule depuis des années à travers le monde grâce à internet — Google anglais donnait à une époque trois millions de références à ce texte. Depuis des années, je reçois des réactions tellement positives de personnes du monde entier donnant des cas concrets de l’impact de la bénédiction.
Q : Vous avez un exemple personnel récent ?
R : Au début du mois, j’ai pris le train à Genève pour aller visiter des amis à Morges. Je monte dans le wagon, pose mon petit sac à dos sur le premier siège, m’éloigne quelques instants et quand je reviens, plus de sac ! J’ai instantanément commencé à bénir la personne qui l’avait volé — dans son intégrité sa bonté, son honnêteté, son contentement profond, son sentiment d’abondance (car il faut souffrir d’une croyance au manque pour prendre quelque chose qui ne vous appartient pas), etc. J’ai fait cela pendant plusieurs minutes, jusqu’à n’avoir plus la moindre trace de rancune ou de ressentiment. Trois jours plus tard, quelqu’un me téléphone pour me dire qu’ils avaient trouvé le sac avec absolument tout dedans près de la gare. Cette personne me l’a même amené à domicile, car j’habite loin en dehors de la ville. Il manquait un tube de pâte dentifrice, sans doute tombé quand la personne qui avait subtilisé le sac l’a vidé.
Q : Comment et où pratiquer cette forme de bénédiction ?
R : Ce qui est merveilleux, c’est que pour certaines personnes cela devient une pratique constante et de tous les instants. Depuis 14 ans, je corresponds avec un condamné à mort noir américain, Roger McGowen, depuis 24 ans dans le couloir de la mort du Texas pour un crime qu’il n’a jamais commis (nous avons des preuves de son innocence). Son livre Messages de vie du couloir de la mort transforme des vies à travers le monde depuis 9 ans. Roger a découvert cette pratique dans un des endroits les plus inhumains de la planète et depuis elle est devenue un des piliers de sa vie spirituelle — et cela, je le répète, dans un lieu dont l’inhumanité dépasse l’imagination. Il passe son temps à bénir les gardiens — surtout ceux qui le maltraitent — et les autres détenus.
Q : Cette pratique est-elle uniquement personnelle, ou peut-elle être pratiquée en groupe ?
R : Lors d’un de mes stages d’été dans le Valais, une participante a proposé la création de cercles de bienveillance et de gratitude. Nous les avons démarrés il y a deux ans et il y en a maintenant dans plusieurs pays. Ils ont même essaimé au Pays Dogon au Mali ! Nous avons ensemble élaboré une petite charte qui peut servir de fil conducteur à toutes celles et tous ceux qui voudraient démarrer un tel cercle près de chez eux, dans leur paroisse, etc.
Nous donnons ci-joint le texte de cette charte, non pas comme des règles absolues ou des indications « correctes » d’une certaine façon de procéder, mais simplement pour inspirer ceux qui voudraient tenter une telle expérience.
Page d’origine : https://gentleartofblessing.org/fr/les-cercles-de-bienveillance-et-de-gratitude-une-nouvelle-pratique-spirituelle/
Comment animer un cercle de bienveillance et de gratitude
Le cercle est un espace ouvert à tous, non confessionnel et libre de toute pratique politique, religieuse ou sectaire où chacun affirme de façon inconditionnelle son désir que le bien illimité soit accordé à des personnes, des situations locales, régionales ou mondiales. Le terme bénédiction tel que nous l’utilisons dans ce site signifie vouloir le vrai bien de son prochain ou pour un événement du plus profond de son cœur, appeler le bien, le positif sur quelqu’un ou un événement et faire ressortir sa part de lumière, peu importe la part d’ombre que cette personne ou cet événement semble manifester.
Le cercle de bienveillance et de gratitude n’est pas un espace tourné vers l’introspection de problèmes personnels ou émotionnels mais une ouverture au service des autres et du monde dans la joie, la simplicité et l’amour d’où est bannie la moindre suggestion de jugement.
Ce texte est rédigé plutôt pour un public des pays du Nord. Il va de soi qu’il sera adapté selon les habitudes culturelles. Ainsi le responsable d’une remarquable ONG se battant pour les femmes rurales de la région de Mopti et du pays Dogon au Mali a complètement transformé la pratique en fonction des besoins et us et coutumes de la région. Leurs cercles se réunissaient parfois plusieurs fois par jour, duraient parfois quelques minutes seulement (les gens restant debout en cercle), pour bénir des situations d’urgence qui se manifestaient.
1. Il y a une égalité absolue dans le cercle. Il n’y a pas de hiérarchie, de gourous, de leaders. Toutes les décisions sont prises pas consensus (jamais de vote).
2. Les membres du cercle désignent une facilitatrice (un facilitateur) au début de chaque réunion, de telle sorte que toute personne qui le désire puisse animer le cercle et coordonner les échanges. Elle/il s’assure que les pratiques suggérées ici soient respectées et peut recentrer les interventions si les participants s’éloignent de l’objectif du groupe, qui est uniquement de bénir. Elle/il intervient toujours avec respect dans un simple esprit d’observation et jamais dans un esprit de « remise en ordre » ou de jugement.
3. Chacun(e) écoute l’autre avec compassion, sans le moindre jugement et accueille la demande de bénédiction avec joie et dans l’ouverture du cœur. Chacun(e) parle à la première personne, à partir de son expérience personnelle, en évitant les généralisations.
4. Les membres du cercle sont unis par leur intention partagée. Un respect profond et inconditionnel de l’autre constitue l’assise relationnelle privilégiée du cercle.
5. Ce dernier constitue un espace de sécurité totale pour chacun(e), ce qui implique nécessairement le respect de la confidentialité absolue de tout ce qui est partagé sur le plan personnel.
6. Les cercles prennent comme base de leur pratique le texte Le simple art de bénir. Ce dernier repose sur une vision clairement non dualiste. En d’autres termes, les participant(e)s ne demandent pas à quelque divinité éloignée d’exaucer leurs demandes/bénédictions mais — prenant le contrepied de l’apparence (matérielle) — affirment que ce qu’ils bénissent est déjà réalisé à un autre niveau de réalité non matérielle. Par exemple en bénissant une personne profondément déprimée, elles/ils diront « Nous bénissons X dans sa sérénité, sa joie, sa paix profonde ». En bénissant un dictateur corrompu, on affirmera « Nous bénissons X dans son intégrité profonde, son esprit de service de son peuple, sa profonde compassion ». Etc.
7. Déroulement du cercle : les points suivants constituent la pratique actuelle dans un certain nombre de groupes de différents pays européens. Mais chaque groupe peut se réinventer entièrement et créer de nouvelles formes selon l’inspiration de l’Esprit :
a) Chacun(e) allume une bougie en disant son prénom
b) Courte méditation ou lecture de texte (voire les deux)
c) Récits éventuels d’expériences faits en relation avec la bénédiction. (À défaut, lecture d’un témoignage de ce site)
d) Bénédiction pour une personne dans le besoin, un proche. On évitera toute description exhaustive ou trop émotionnelle du problème.
(Ceci est très important, car une description trop émotionnelle fait perdre facilement la sérénité nécessaire pour bien bénir). On reste ici au niveau individuel. On peut inclure des animaux de compagnie.
e) Bénédictions pour des situations collectives, des problèmes écologiques, des situations de conflit ou de besoin dans sa région ou dans le monde.
f) Chaque participant(e) bénit son voisin ou sa voisine (tour du cercle).
g) Bref moment de méditation, puis on éteint les bougies.
8) Chaque cercle se gère de façon totalement autonome. Néanmoins, tout cercle peut écrire à ce site s’il désire obtenir des éclaircissements.
9) Chacun(e) est libre de quitter le cercle à n’importe quel moment et sans justification, la liberté étant un des principes fondateurs des cercles. Par contre, toute personne qui rejoint un cercle s’engage à y participer régulièrement et non pas seulement occasionnellement. Ce point est fondamental pour la bonne marche d’un cercle.
Page d’origine : https://gentleartofblessing.org/fr/comment-animer-un-cercle-de-bienveillance-et-de-gratitude/