Récit Maison des Briles
Voici comment l'Univers — et mon âme — m’ont conduite à La Grande Verrière dans les années quatre-vingts... Cela tenait — déjà — du miracle...
... L’histoire commence à Paris au printemps 83. J'enseignais alors la psycho-astro en séminaires de week-end, avec l'aide d'une âme-frère retrouvée dans des circonstances foudroyantes quelques mois auparavant (ce qui est une autre histoire). Le frère en question était un peu médium et maniait assez bien le pendule. Nous étions l'un et l'autre pétris d'idéaux spirituels et philanthropiques, et passablement désargentés.
L'idée nous vint de nous mettre en quête d'un "lieu" où faire retraite de temps en temps loin de la capitale et où, accessoirement, nous pourrions convier nos étudiants. Une condition impérative : il fallait que cela soit absolument gratuit puisque nous n'avions pas un sou ! On peut toujours rêver, n'est-ce pas ?...
Sans aucune relations nulle part en France susceptibles de nous aider, de quel côté nous tourner ??? Constatant que la carte Michelin France entière ne nous délivrait aucun message particulier, l'idée nous vint de nous amuser à promener le pendule dessus... c'était un jeu...
Il se trouve cependant que le pendule ne rigolait pas du tout et qu'il indiquait toujours la même direction : sud-est. Devant tant d'entêtement (je vous la fais courte), nous décidâmes de le suivre et de prendre la route dès que possible.
Voilà comment un beau matin, après avoir chargé nos baluchons dans ma vieille deudeuche, munis de ma carte Michelin et du pendule de mon âme-frère, nous nous engageons, vaillamment et avec la foi du charbonnier, sur l'autoroute A6 qui nous mène — après interrogation du pendule à chaque choix de directions à prendre — jusqu'à Autun.
À Autun : direction sud-ouest. OK jusqu'à... une fourche au bout de quelques kilomètres. Re-pendule : à droite toute ! Je vous passe les détails, nous nous retrouvons sur des petites routes et commençons à "sentir" dans le corps des vibrations vraiment spéciales qui nous donnent la certitude que nous sommes au bon endroit.
Sur les territoires de Saint-Léger-sous-Beuvray et de La Grande Verrière nous commençons donc à interroger les commerçants et les passants sur la possibilité de trouver une maison, gratuite ou très peu chère. Nous sommes baladés par monts et par vaux, par routes et chemins caillouteux... sans succès mais avec la certitude que « le » secteur qui nous parle est vraiment St Léger et La Grande Verrière...
Nous persistons donc jusqu'à ce que deux dames âgées habitant dans un vieux château nous parlent de Madame G. à La Grande Verrière. Elle aurait une vieille maison inoccupée, mais pas sûr qu'elle veuille la louer.
Lorsque nous arrivons chez elle, Madame G. est en train de faire ses courses au camion de l'épicier garé sur son trottoir. Nous lui exposons notre demande : "Ben, faudrait voir avec mon fils, moi je ne décide rien sans lui." Il est où, le fils ? "Dans le champ là-bas un peu plus loin sur la droite." On peut revenir le voir ce soir après son travail ? "Ah ben vous pouvez y aller maintenant."
Va pour le fils dans son champ. Nous lui racontons notre histoire en lui disant que c'est sa mère qui nous envoie. "Moi je ne décide rien sans ma mère." Pouvons-nous les voir tous les deux ce soir après son travail ? "Ah ben je vais y aller avec vous maintenant."
Le fils laisse donc champ et tracteur pour nous rejoindre au camion de l'épicier. Sa mère et lui se regardent sans dire un mot mais en semblant d'accord, et c'est la mère qui nous gratifie d'un "Ben, oui !" assorti d’un grand sourire que je n'oublierai jamais !
Le fils nous accompagne illico à ladite maison, nous donne la clé, ouvre le compteur électrique, et nous étions chez nous !
Nous avons dès lors disposé de la maison des Briles, inhabitée depuis une trentaine d'années mais dont la cuisinière à bois est repartie avec la première allumette. Le puits nous offrait une eau d'une rare pureté. Nous faisions des soupes aux orties. Et toujours ces vibrations exceptionnelles... Ressourcement garanti lorsque nous avions besoin de nous évader de la capitale. Randonnées pédestres jusqu'à un village en ruines, nuits de pleine lune passées dehors, spectacle féerique des levers de soleils... Jamais je n'ai entendu autant d'oiseaux de ma vie !
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Pour diverses raisons j’ai cessé de me rendre aux Briles au bout de deux ans, mais ce lieu était gravé à tout jamais dans un coin de mon cœur... à tel point que je m’y rendais par la pensée dans toutes mes séances de relaxation et de visualisations.
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Je n’y étais donc jamais retournée jusqu’à ce que me vienne, au printemps 2009, l’idée de proposer une rencontre là-bas aux amis du blog(1) qui avaient manifesté le désir de faire connaissance "en vrai". Vingt-six ans plus tard, la magie a opéré comme au premier jour et tous les participants ont vécu là un avant-goût du paradis. Le séjour était initialement prévu pour une dizaine de jours, mais personne n’avait envie de repartir et nous avons joué les prolongations jusqu’à... un mois pour certains !
La fameuse maison, vendue depuis peu, était en travaux et complètement modernisée...
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Pendant ce séjour magnifique de l’été 2009 il m’est apparu clairement que je "devais" m’organiser pour être présente à La Grande Verrière tous les étés afin d’y accueillir les amis du blog qui souhaiteraient passer par là.
Puis l’hiver est passé à tourner et retourner la question dans tous les sens dans ma petite tête, sans apporter de piste vraiment réalisable.
Et le matin du 1er mai (2010) je me suis réveillée avec LA solution : me préparer à déménager, tout simplement, plutôt que de vouloir faire le grand écart tous les ans entre la Côte d’Opale et le Morvan. "Il faut que je sois installée là-bas dès cet été."
Les choses sont ensuite allées très vite. 15 mai, pont de l’Ascension : aller et retour pour visiter et choisir un logement. Week-end du 14 juillet : aller et retour pour récupérer les clés et faire ouvrir les compteurs. Samedi 24 juillet arrivée avec mon camion de déménagement.
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Merci la Vie !
1. Mon ancien Blog Des Nouvelles de Notre Belle Planète.