Le credo du combattant aryen

 

Extrait de La Bhagavad-Gîtâ
Livre sacré de l’Hindouisme, tiré du Mahâbhârata

Éditions Albin Michel
Coll. “Spiritualités Vivantes”

 

Chapitre deuxième

I. Le credo du combattant aryen

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Le Bienheureux Seigneur dit :

11. - Tu pleures ceux que tu ne devrais pas pleurer. Car l’homme éclairé ne s’endeuille ni pour les vivants ni pour les morts.

12. - Il n’est pas vrai qu’il y ait eu un temps où Je n’étais pas, ni toi, ni les rois des hommes ; il n’est pas vrai non plus qu’aucun de nous doive jamais, dans l’avenir, cesser d’être.

13. - Comme l’âme passe physiquement à travers enfance et jeunesse et vieillesse, ainsi passe-t-elle à travers les changements de corps. Cela ne saurait troubler ni aveugler l’homme qui trouve en soi sa paix.

14. - Les contacts matériels qui donnent le froid et le chaud, le plaisir et la douleur, choses éphémères qui vont et viennent, apprends à les supporter, ô mon Ami.

15. - L’homme que ces choses ne troublent ni n’affligent, mon Ami, l’homme ferme et sage qui demeure égal dans le plaisir et la douleur, celui-là se rend digne de l’immortalité.

16. - Car vois-tu, ce qui réellement existe, ne peut cesser d’exister ; de même, ce qui est non-existant, ne peut commencer d’exister. La fin de cette opposition entre l’être et le non-être a été perçue par les sages qui voient les vérités essentielles.

17. - Sache-Le impérissable, ce Principe par lequel tout ce monde est déployé. Qui peut tuer l’Esprit immortel ?

18. - Les corps limités ont une fin, mais ce qui possède et emploie le corps est infini, illimitable, éternel, indestructible. Ainsi donc, ô mon Ami, lutte !

20. - L’Âme ne naît ni ne meurt. Ce n’est pas une chose qui un jour commença d’exister, et qui, s’en allant, ne reviendra jamais plus à l’existence. L’Âme est non-née, ancienne, éternelle ; Elle n’est pas tuée lorsqu’est tué le corps.

22. - L’âme incarnée rejette les vieux corps et en revêt de nouveaux, comme un homme échange un vêtement usé contre un neuf.

23. - Les armes ne la peuvent pourfendre, ni le feu la consumer, ni les eaux la pénétrer, ni le vent la dessécher.

24. - On ne saurait la pourfendre, on ne saurait la brûler, on ne saurait la mouiller ni la dessécher. Stable éternellement, immobile, pénétrant tout, elle EST, pour toujours et à jamais.

25. - Elle est non-manifestée, elle est impensable, elle est immuable ; ainsi est-elle décrite par les Écritures ; donc, la connaissant telle, tu ne devrais point t’affliger.

26. - Même si tu penses que le moi est constamment sujet à la naissance et à la mort, même ainsi, mon Ami, tu ne devrais point t’affliger.

27. - Car certaine est la mort pour qui est né, et certaine la naissance pour qui est mort ; c’est pourquoi ce qui est inévitable ne devrait pas te causer d’affliction.

28. - Les êtres sont non-manifestés en leur commencement, manifestés au milieu, non-manifestés sont-ils encore dans la désintégration. Qu’y a-t-il là d’affligeant ?

29. - L’Unique Âme Divine, nous la regardons, nous en parlons et nous en entendons parler comme du merveilleux siégeant au-delà de notre compréhension ; car d’après tout ce que nous en ont appris les sages qui ont la connaissance, nul mental humain n’a jamais connu cet Absolu.

30. - Cet habitant dans le corps de chacun est Éternel et Indestructible, ô mon Ami ; c’est pourquoi tu ne dois pleurer aucune créature.

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