L'offrande lyrique - 8

 

L’enfant que vêt une robe princière et qui porte à son cou des chaines orfévries perd tout plaisir au jeu ; à chaque pas sa parure l’empêche.

De crainte de l’érailler ou que ne la ternisse la poussière, il se tient à l’écart du monde et n’ose même pas remuer.

Mère ! est-il bon pour lui d’être emprisonné dans ce luxe, à l’abri du salubre pollen de la terre, et ne lui dérobes-tu pas ainsi son droit d’entrée dans la grande fête de la commune vie humaine* ?

 

* Rabindranath Tagore, L’Offrande lyrique, traduction André Gide, Éd. Gallimard, coll. Poésie